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L’orgue et les vitraux de l’église Saint-Remi d’Isles-sur-Suippe ont été bénis

L’orgue rénové et ses trois superbes vitraux dessinés et réalisés par des habitants du secteur, viennent d’être bénis suivant un rite bien établi.

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vitalité des langues et pratiques culturelles locales à La Réunion et à Mayotte

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Les cultures locales, notamment la musique et les langues régionales comme le créole, avaient été plébiscitées dans l’enquête réalisée en 2021 par le département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation du ministère de la Culture sur les pratiques culturelles en Guadeloupe, Martinique et Guyane.

C’est également un attachement très fort aux cultures locales, en particulier les langues régionales, qui ressort des deux nouvelles études sur les pratiques culturelles dans les Outre-mer, qui nous conduit aujourd’hui à la rencontre de deux îles de l’océan Indien : La Réunion et Mayotte. Décryptage avec Amandine Louguet, leur coauteure avec Maryse Dehon.

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Quelles sont les pratiques culturelles qui rapprochent les deux îles ?

Dans ces deux territoires ultra-marins, on constate une très forte pratique des langues locales, c’est l’un des seuls points communs, très fort certes, entre ces deux îles. Il s’agit en effet de territoires très différents, d’abord en termes d’expression culturelle, mais aussi en termes d’équipements. A la Réunion, ceux-ci témoignent de l’antériorité de la présence de l’État français. Pour mémoire, Mayotte n’est un département français que depuis 2011.

Comment peut-on expliquer que les langues locales soient si bien appliquées ?

À Mayotte, une grande partie de la population est étrangère. Le shimaore, l’une des deux principales langues parlées, est la langue véhiculaire qui ressemble au plus au comorien. On peut donc émettre l’hypothèse que les personnes qui arrivent de l’étranger par une phase de shimaore. Par ailleurs, cette langue, comme le kibushi, l’autre langue principale de l’île, se transmet au sein de la famille. Si on constate une indéniable progression du français en raison de la mise en place des écoles, le shimaore et le kibushi restent les langues du quotidien. Quant à la Réunion, en raison d’un mode de transmission familial, le créole est en effet très présent.

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On constate un écart s’agissant des équipements culturels, dites-vous. Cette donnée ne doit-elle pas être corrélée avec le fait que 77 % des mahorais vivent en dessous du seuil de pauvreté ?

Une grande majorité de Mahorais est dans une situation socio-économique difficile. Si des politiques culturelles se mettent progressivement en place, la culture, pour des raisons évidentes, n’apparaît pas comme une priorité. Malgré tout, un certain nombre d’équipements culturels s’installent progressivement.

A la Réunion, la problématique est différente : ce n’est pas un déficit d’équipements culturels qu’on constate, c’est plutôt une question de distribution de ces équipements sur le territoire : ceux-ci sont concentrés autour de Saint-Denis , mais aussi dans l’ouest, et le sud de l’île. En revanche, le centre de la région est le moins doté. Conséquence : les pratiques de type cinéma ou théâtre sont moins intenses que dans le reste du territoire.

On constate un très fort tropisme des Réunionnais pour les pratiques musicales, notamment les concerts

En termes de pratiques culturelles, quels sont les faits saillants pour chacune des deux îles ?

A la Réunion, l’omniprésence du créole se répercute sur les autres pratiques : on écoute de la musique en créole, on parle en créole au quotidien… Par ailleurs, les pratiques autour de la télévision, de la radio et de l’écoute de la musique est assez proche de ce qu’on observe en France métropolitaine. Sur la question de la lecture, en revanche, les résultats sont légèrement inférieurs. Idem pour la fréquentation des bibliothèques. L’illettrisme en langue française est encore relativement présent à la Réunion.

On constate en revanche un très fort tropisme des Réunionnais pour les pratiques musicales, notamment les concerts. C’est également vrai à Mayotte. Écouter de la musique est aussi l’occasion de se retrouver. De grands artistes locaux tournent sur l’île et sont extrêmement suivis. Les pratiques locales autour du fonnkér, la poésie réunionnaise, sont notamment extrêmement prises. La sociabilité est beaucoup plus forte qu’en France métropolitaine.

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Arrêtons-nous sur la télévision et le cinéma. S’agissant de la télévision, la fracture générationnelle est très nette. Les jeunes, en outre, semblent particulièrement plébisciter le cinéma.

Oui, en effet, mais en vérité, que ce soit en France métropolitaine ou dans les autres territoires ultra-marins, on constate partout un désamour très net des plus jeunes pour la télévision, qui se tournent vers YouTube et les réseaux sociaux. Il en va de même pour le cinéma, si les jeunes vont davantage voir de films que leurs aînés, c’est une tendance que l’on constate partout.

Désamour pour la télévision mais aussi pour la presse écrite…

La publication consacrée aux pratiques informationnelles, que le Deps-doc va prochainement publier, confirme que les jeunes se tournent de plus en plus vers les réseaux sociaux. À la Réunion, chez les 15-24 ans, c’est le premier média d’information devant la télévision et la radio. Il ne faut cependant pas négliger la question de l’accès à l’information. Lorsqu’on ne maîtrise pas le français à l’écrit, on ne va pas laisser se tourner vers les médias papier. Par ailleurs, l’offre locale de presse écrite dans les territoires ultra-marins est très différente de ce que l’on observe en France métropolitaine. Plusieurs facteurs se cumulent et tendent à expliquer ces pratiques informationnelles différentes.

L’importance des réseaux sociaux pose de nombreuses questions, notamment en termes d’éducation aux médias…

Pour mémoire, à la Martinique, nous avons présenté les résultats devant le Préfet et les services de l’État. Les données concernant les pratiques informationnelles avaient particulièrement retenu l’attention. La part des Martiniquais s’informant via les réseaux sociaux dans l’enquête menée en 2019-2020 est plus importante que ce que l’on constate en France métropolitaine. Avec notre enquête autour des pratiques informationnelles, nous avons souhaité approfondir cette thématique dans une optique d’étude et de recherche, bien sûr, mais aussi mettre des informations factuelles à la disposition des décideurs.

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En termes de pratiques culturelles, quelles sont les principales tendances présentées à Mayotte ?

À Mayotte, on observe une pratique amateur du chant, de la danse et du théâtre presque deux fois plus importante qu’en France métropolitaine. Cela s’explique notamment par des traditions locales, notamment le debaa. C’est une pratique qui mêle la danse, le chant et le théâtre, et qui sollicite tout particulièrement les pratiques féminines. Il y a des groupes au sein des villages, des concours qui sont retransmis à la télévision. C’est quelque chose d’extrêmement suivi. De façon symétrique, il existe des pratiques plus masculines notamment à l’occasion des mariages, le Chigoma.

Il y a également un théâtre particulier, mêlant morales et petits contes, très populaire, notamment au sein des villages, où il n’y a pratiquement pas d’équipements culturels. Ces pratiques ont lieu sur la place d’une ville, d’un village, à l’occasion d’une fête. Elles parviennent à se développer et sont même relativement intenses. Les Mahorais sont heureux de parler de leur culture. L’installation progressive des équipements va permettre à la population d’en profiter. Le risque serait toutefois que ces cultures locales perdurent de leur vigueur. C’est un point de vigilance.

Les Mahorais sont heureux de parler de leur culture, notamment de ces formes spécifiques mêlant chant, danse et théâtre

Autre résultat significatif révélé par votre étude : l’importance de la lecture d’ouvrages religieux. Comment l’analysez-vous ?

C’est une spécificité de Mayotte. Une partie importante de la population déclare avoir une religion, la première d’entre elles étant la religion musulmane. Cette pratique de la religion musulmane implique la lecture du Coran mais aussi d’autres livres religieux. Cela a un impact significatif sur les résultats de notre enquête concernant la lecture.

Le taux de pratique de la lecture, qui est plus important qu’à la Réunion ou même dans les Antilles, s’explique donc notamment par la lecture de livres religieux. Cette donnée a particulièrement retenu l’attention des acteurs de la culture à Mayotte. Elle montre que si une partie de la population n’a pas encore accès à la lecture en langue française, elle maîtrise en revanche un autre type de lecture. L’objectif d’une enquête comme celle-ci est aussi de mettre en lumière des pratiques locales spécifiques.

Pratiques culturelles à La Réunion et à Mayotte par Maryse Dehon et Amandine Louguet, Collection Culture études, deux fascicules de 16 p., département des études, de la prospective et des statistiques, ministère de la Culture, juillet 2022

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L’église de Binic restaurée a été réparée – Binic – Etables-sur-Mer



Samedi 1er octobre s’est déroulée la réouverture officielle de l’église tagarine, rebaptisée Notre-Dame d’Étables-sur-Mer. La cérémonie a eu lieu en présence de Paul Chauvin, maire de la commune, de Gilbert Bertrand, maire délégué d’Étables-sur-Mer et de Mgr Moutel, évêque de Saint-Brieuc. « Un jour de fête pour tous les habitants de la commune, croyants ou pas, a déclaré Paul Chauvin. Dans ces moments difficiles, nous devons mobiliser toutes nos énergies pour trouver des solutions. Toutes les opinions confondues, c’est notre pluralité et la diversité de nos réflexions qui nous permettront de résister en ne rejetteront personne sur le bord du chemin ». « L’église, fermée depuis le 1er janvier 2020, a subi une profonde cure de restauration. Quand on aborde un tel chantier, on comprend vite que l’on est un tout petit maillon d’une longue chaîne historique », a complété Gilbert Bertrand, qui a également tenu à rendre hommage au travail accompli avec grand soin par l’ensemble des équipes.

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Près de Rouen, deux tableaux restaurés de retour dans l’église Saint-Jean-Bosco au Mesnil-Esnard

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Les six tableaux exposés dans l’église Notre-Dame, à Mesnil-Esnard, ont été dégradés par la mérule. Deux de ces tableaux viennent d’être installés dans l’église Saint-Jean-Bosco. Les quatre autres, en cours de restauration, les rejoindront bientôt. Coût de l’opération : 21 382 €.



Temps de lecture :
2 minutes

En 2017, l’église Notre-Dame de Mesnil-Esnard a été frappée par la mérule, un champignon qui a provoqué de gros dommages dans l’édifice religieux et sur les six tableaux qui y étaient exposés. L’expertise confiée à Jean-François Pillet, commissaire-priseur à Lyons-la-Forêt a révélé que ces tableaux étaient de grande valeur. La plus cotée de ces œuvres, représente La vierge à l’Enfant.

La municipalité avait décidé de confier la restauration à l’atelier Didier Barrault, déployée au Mesnil-Esnard.

« Il était pour nous indispensable de sauvegarder ce patrimoine, indique Jean-Marc Vennin, maire de Mesnil-Esnard. Le coût global de ces travaux de restauration s’élève à 21 382 €, que la commune ne pouvait supporter seule. Nous avons fait appel au mécénat et avons ouvert une souscription publique orchestrée par la fondation du patrimoine. »

Deux œuvres remarquables

Deux tableaux, La vierge à l’Enfant et l’Annonciation, ont déjà été restaurés. Ils viennent d’être provisoirement suspendus dans l’église Saint-Jean-Bosco, avant leur retour prochain dans l’église Notre-Dame, lorsque toutes les conditions de conservation seront réunies.

L'Annonciation, œuvre anonyme datant du XVIIIe siècle
L’Annonciation, œuvre anonyme datant du XVIIIe siècle – PNormandie

La vierge à l’Enfant est une peinture de style baroque datant de la deuxième moitié du XVIIe siècle. Elle est l’œuvre du Français Simon Vouet (1590-1649) qui était un artiste de grande renommée et peintre attitré de Louis XIII. L’auteur de L’Annonciation, tableau de l’école française, datant de la fin du XVIIIe siècle, reste anonyme. L’intérêt de ce tableau réside dans son format, mais également sa composition et sa palette délicate.

Les quatre autres tableaux seront ensuite ajoutés lorsque leur restauration sera terminée.





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Peinture Arts Religion et croyance Le Mesnil-Esnard (Seine-Maritime)

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À l’église des Moutiers-en-Auge, le vitrail restauré est de nouveau en place

Pour le maire des Moutiers-en-Auge (Calvados), Alain Pourrit, la restauration d’un vitrail est un devoir envers les anciens et le patrimoine religieux qui fonde l’identité du village. Restauré, le vit …

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La conservation du patrimoine face aux défis d’un monde en mutation

Guerres, pandémies, intelligence artificielle, crise climatique galopante… Le monde évolue rapidement et les communautés humaines doivent s’adapter à de nombreux défis. Dans ce contexte, le patrimoine mondial présente une sorte de double paradoxe : alors que le monde a besoin de solidarité et de collaboration à l’échelle mondiale, les sites du patrimoine mondial servent de totems culturels aux différents États-nations, qui peuvent eux-mêmes- même être en conflit. Alors que nous anticipons le changement et nous y adaptons, le patrimoine mondial regarde en arrière. Cinquante ans après la création de la Convention du patrimoine mondial de l’Unesco, il est temps de regarder vers l’avenir.

À cette fin, au cours de la dernière décennie, notre équipe a réfléchi à un ambitieux programme de recherche sur « l’avenir du patrimoine », qui vise à étudier le rôle du patrimoine dans la gestion des relations entre les sociétés actuelles et futures, et a créé une Chaire Unesco. Après avoir publié une série d’articles et de livres décrivant tout ce que nous avons appris, nous faisons maintenant le point.

Le patrimoine mondial à un long avenir devant lui. Mais sa gestion et ses messages peuvent-ils rester limités, alors que des gens sont contraints de quitter leur terre natale, que les machines que nous créons contrôlent de plus en plus nos vies, et qu’une plus grande confiance humaine dans (et entre ) les sociétés sont-elles nécessaires ? Dans le demi-siècle à venir, l’Unesco gagnerait à imaginer et mettrait en application des stratégies prometteuses qui répondent aux besoins des générations futures. Voici un commentaire.

Étape 1 : reconnaître les dangers du « présentisme »

Lorsque mon collègue Anders Högberg et moi-même avons commencé à travailler sur l’avenir du patrimoine, nous avons interrogé plus de 60 gestionnaires expérimentés du patrimoine culturel dans plusieurs pays, des municipalités locales à l’Unesco elle-même. En collaboration avec Sarah May et Gustav Wollentz, nous avons été surpris de constater que personne ne s’était jamais demandé systématiquement pour quel(s) futur(s) ils géraient le patrimoine et quel rôle pourrait jouer ce patrimoine dans ces futurs. Ils supposaient simplement que les utilisations et les bénéfices actuels du patrimoine se poursuivraient d’une manière ou d’une autre dans le futur, ou que les générations futures se débrouilleraient toutes seules. En effet, une grande partie de la politique actuelle en matière de patrimoine mondial est fondée sur l’hypothèse que l’avenir ressemblera au présent – ​​même si nous savons qu’il sera différent.

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Par exemple, la Convention du patrimoine mondial exige que les biens inscrits sur la liste répondent à la condition d’« authenticité ». Si l’importance de la prise en compte de la diversité culturelle « dans le temps et dans l’espace » a été reconnue dans le Document de Nara sur l’authenticité de 1994, les applications du terme authenticité restent ancrées dans les conceptions du présent. Cela soulève la question de savoir dans quelle mesure le concept sous-jacent de la convention de valeur universelle exceptionnelle sera toujours « universel » dans le futur.

Étape 2 : imaginer des futurs alternatifs

La prospective nous permet de penser à l’avenir en des termes différents de ceux de notre présent, et nous permet également d’imaginer des avenirs différents. Ces avenirs sont multiples et alternatifs, et ne sont pas nécessairement bénéfiques et souhaitables pour tous. C’est pourquoi nos choix et nos décisions, maintenant et à court terme, sont importants. L’avenir n’est pas déterminé mais se dessine progressivement – ​​en fait, de nombreux avenirs différents se dessinent, répartis par le temps et l’espace. Nous avons le pouvoir d’influencer ces futurs, et c’est là que le patrimoine mondial entre en jeu.

Le patrimoine mondial est souvent lié à la manière dont les gens perçoivent le monde : il peut évoquer des identités collectives profondément ancrées, des émotions et des valeurs culturelles associées. La manière dont les sites du patrimoine mondial sont gérés aujourd’hui influencent la façon dont les gens donnent un sens au monde dans lequel ils vivent, et les valeurs qu’ils apportent comme importantes dans leur vie.

La Convention du patrimoine mondial de 1972 s’inscrit dans le cadre des efforts de l’Unesco, exprimée dans son Acte constitutif de 1945, pour promouvoir la paix et la sécurité dans le monde en favorisant la connaissance et la compréhension entre les peuples. Cette mission est palpable sur des sites tels que le Mémorial de la paix d’Hiroshima et son musée, qui expliquent aux visiteurs les horreurs des armes nucléaires et propagent le message « plus jamais d’Hiroshima ».

La crise climatique a mis les questions de durabilité et d’adaptation à l’ordre du jour des sociétés du monde entier. Le discours sur le patrimoine culturel, le changement climatique et le développement durable, qui évolue rapidement, devrait accorder plus d’attention à la façon dont les gens pensent et inquiètent en réponse à cette situation, qui est lié aux contextes culturels particuliers et donc spécifiques en termes d’époques et de lieux géographiques. Comme les circonstances changent au fil du temps, le patrimoine culturel et sa gestion devront également changer.

Lorsque les institutions patrimoniales réfléchissent à l’avenir, leur horizon temporel tend à être court – l’objectif est de soutenir les politiques actuelles, après tout. À titre d’exemple, une étude de 2015 réalisée par Historic England reconnaît qu’il est essentiel d’être « mieux préparé au changement », mais il est plutôt question de la manière dont les tendances perceptibles peuvent avoir un impact sur les programmes actuels plutôt que d’explorer des programmes futurs possibles. Ce faisant, le risque existe de perdre des occasions de faire la différence pour les générations futures en poursuivant sans critique les pratiques patrimoniales actuelles.

Pour augmenter les chances que le patrimoine atteigne les résultats attendus, les gestionnaires peuvent s’appuyer sur l’anticipation et la prospective stratégique. Les futurs que nous pouvons anticiper comprennent les impacts significatifs non seulement de l’accélération du changement climatique, mais aussi de la pollution, des guerres, des pandémies, de l’IA, des tendances démographiques actuelles et des conflits sociaux. Les objectifs stratégiques pour le bénéfice de l’humanité incluent :

  • le bien être humain

  • la cohésion et la sécurité sociales

  • la confiance au sein des sociétés et entre elles

  • la paix

  • une planète et un environnement sains.

Malheureusement, les perceptions et utilisations courantes du patrimoine culturel ne s’accompagnent pas nécessairement de ces résultats. Pire, dans certains cas, elles peuvent même menacer les droits de l’homme et réduire la cohésion et la résilience socioculturelles en exacerbant la discrimination, en alimentant les conflits violents pour le pouvoir ou le territoire, et en rendant généralement plus difficiles les transformations nécessaires . Nous ne devons pas considérer la valeur et les avantages du patrimoine culturel comme acquis. Après tout, les talibans, eux aussi, fondent leur programme sur un patrimoine culturel particulier, ce qui les a conduits en 2001 à détruire les statues de Bouddha à Bamiyan.

L’une des aspirations centrales de l’Unesco est de favoriser la paix dans le monde, et un exemple concret de la nécessité croissante de prévoir la nature changeante des conflits dans le monde.

Plutôt que des conflits purement étatiques, on observe une tendance claire vers des conflits civils impliquant, par exemple, des groupes ethniques ou religieux qui sont parfois soutenus par les forces d’États étrangers. Le système du patrimoine mondial « à l’ancienne », qui se fondait sur une cohésion à l’échelle des états, n’unit plus toutes les parties en guerre, ce qui réduisait son potentiel de promotion de la paix par la compréhension culturelle mutuelle . Ce qu’il faut, c’est constituer un patrimoine mondial en faisant éventuellement avancer des agendas locaux ou mondiaux plutôt que des agendas nationaux.

Étape 3 : faire la différence dans la gestion du patrimoine

Il est urgent que le patrimoine culturel mondial adopte la prospective et la pensée du futur de manière plus professionnelle et systématique. Pour faire la différence, nous sommes associés au Futures Literacy Network de l’Unesco et avons bénéficié au projet de prospective stratégique du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), une organisation d’experts qui soutient la Convention du patrimoine mondial. Au début de cette année, nous avons même publié une vidéo animée sur l’avenir du patrimoine.

Compte tenu de la rapidité avec laquelle notre monde change, nous devons nous préparer à gérer différemment notre patrimoine mondial pour les 50 prochaines années.

50ᵉ anniversaire de la Convention du patrimoine mondial (16 novembre 2022) : le patrimoine mondial comme source de résilience, d’humanité et d’innovation.

La version originale de cet article a été publiée sur La Conversation, un site d’actualités à mais non lucratif dédié au partage d’idées entre experts universitaires et grand public.

Lire la suite :

  • Les effets pervers du classement au patrimoine mondial de l’Unesco

  • Déclarer la forêt amazonienne bien commun de l’humanité, une idée pas si neuve

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Le Labo « Écouter Parler » dresse un panorama sonore de la France

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La borne rouge et blanche au centre du camion rappelle celles que l’on trouve au bord des routes. Celle-ci est pourtant truffée de micros destinée à capter le moindre pot-de-vin de parole. Autour d’elle, les participants fument place et brisent la glace avec un jus de pomme.

Au cœur de la conversation ce matin : les accents. Celui, serbe, de Mila ou encore celui de Mario, Portugais d’origine mais dont les décennies de vie en France ont remporté à gommer son phrasé natal. « Cela s’est fait naturellement, se souvient-il. Quand on est jeune et qu’on arrive en France, on ne veut pas trop se faire remarquer et on veut se mélanger avec les autres. » Avec sa femme Roseline, ils ont participé à une dizaine de minutes d’échange dans le « Labo mobile des langues ». « Au début j’étais complètement perdu mais c’était intéressant que des personnes qui ne se connaissent pas bien puissent discuter ensemble. »

Un portrait sonore de la France

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Cette conversation impromptue a été enregistrée et va venir grossir la base de données du Laboratoire mobile des langues. Ce projet, mené par la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du ministère de la Culture en partenariat avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a été lancé en mars dernier lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française au château de Villers-Cotterêts dans le cadre de la Semaine de la langue française et de la francophonie.

À la fois interactif et participatif, il permet de collecter des enregistrements sonores et de consulter des collections existantes sur les langues de France, notamment les Archives de la parole de Ferdinand Brunot qui datent de 1911. « En les écoutant, on se rend compte à quel point on comprend le français parlé il y a une centaine d’années même s’il a des différences fortes », résume Olivier Baude, responsable scientifique et chef du projet.

Marchant – ou plutôt roulant – cent ans plus tard dans les pas de Brunot et s’inspirant du film Les habitants de Raymond Depardon dans lequel le réalisateur partait à la rencontre des Français, ce camion rouge et blanc veut multiplier les captations de « café-conversation » afin d’explorer les subtilités et particularités de la langue de Molière. « On écoute tout : les différents accents, les sonorités, les expressions, les tournures de phrases, l’emploi de certains mots comme « Pain au chocolat » ous « chocolat »… Il s’agit de montrer que toute personne parlant le français le fait avec une connaissance très fine de la langue, poursuit Olivier Baude. La politique linguistique doit se construire sur des savoirs mais on ne connaît pas bien la richesse de la langue. Nous avons la volonté de conserver ces enregistrements sonores pour en faire un objet d’enseignement, artistique et même technologique. »

Un outil à géométrie variable

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Une fois collectés et traités, les enregistrés sont publiés sur une plateforme et mis à disposition du grand public et des chercheurs, ces derniers pouvant par exemple mener des travaux sur la reconnaissance vocale sur différents types d’accents. Cette vaste audiothèque est également destinée à devenir un outil d’enseignement et un lieu de ressources pour la maîtrise du français.

Le projet repose aussi – autre originalité – les mondes scientifiques et culturels, puisque les enregistrements sonores sont aussi conçus pour des artistes qui veulent réaliser des œuvres sonores. L’outil principal, le véhicule, lui a été pensé par des linguistes en collaboration avec un artiste associé : Guykayser. À l’extérieur du camion, des assemblages d’illustrations tirées des concepts du fondateur de la linguistique moderne, Ferdinand de Saussure, se superposent à l’identité visuelle réalisée par Ruedi et Vera Baur tandis qu’à l’intérieur, technologie et création cohabitant artistique, comme des panneaux acoustiques sur les murs montrant le spectogramme d’une minute du discours inaugural des Archives de la Parole.

Une tournée en France

Installé lundi 26 septembre près du Palais-Royal à l’occasion de la Journée européenne des langues, ce dispositif s’apprête à lancer sa grande tournée nationale, qui s’arrêtera tout d’abord le 2 octobre à la Fête du livre de Merlieux dans l’Aisne. « La suite est une aventure dont le trajet se fera au fil des rencontres avec des écoles ou des médiathèques. On se laisse porter par le projet », prévoit Olivier Baude.

Cette première tournée durera un an, avec, pour objectif de multiplier les dispositifs similaires. Le champ des possibles est en tout cas gigantesque. « Quand on sait qu’il existe vingt-huit langues différentes en Nouvelle-Calédonie, on se rend compte que la richesse des langues n’est pas prête d’être décrite », conclut Olivier Baude.

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des nouveautés et un public nombreux

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La visite du Lycée Grand-Air a permis à de nombreuses personnes de découvrir des œuvres de Claude Bouscau


La visite du Lycée Grand-Air a permis à de nombreuses personnes de découvrir des œuvres de Claude Bouscau

Christian Visticot

Il fallait s’armer de patience pour obtenir des billets…

La visite du Lycée Grand-Air a permis à de nombreuses personnes de découvrir des œuvres de Claude Bouscau


La visite du Lycée Grand-Air a permis à de nombreuses personnes de découvrir des œuvres de Claude Bouscau

Christian Visticot

Il fallait s’armer de patience pour obtenir des billets pour le petit train – qui, au trajet habituel de la Ville d’Hiver avait ajouté un détour par la Ville d’Été par le monument aux morts, l’Olympia et le Casino – et pour la visite du Bunker, les lieux ne permettant pas d’accueillir plus de vingt personnes, il y avait là aussi de l’attente. Les célèbres villas Marguerite et Casa Silva ont connu leur lot habituel de curieux.

Encore peu connu, le Bunker 502 a fourni de nombreuses personnes.


Encore peu connu, le Bunker 502 a fourni de nombreuses personnes.

CV.

Spectacle, lycée et chapelles

Les nouveautés sont des lieux du patrimoine immatériel, comme Bernard Lummeaux a qualifié le spectacle « Gilbert Sore en scène, un homme libre sous les pins », donné vendredi soir dans l’amphithéâtre du MA.AT. Un instituteur, un combattant, membre actif de la SFIO, qui s’illustre pendant la 1concernant guerre mais connaît des déboires lors de la seconde à cause de son appartenance aux francs-maçons. Il écrit des poèmes de style romantique ou naturaliste, des articles dont celui, prémonitoire, de 1949 après les incendies : « Pourquoi ne pas attendre encore jusqu’au prochain danger, jusqu’au prochain été ? Alors on peut profiter de cet espoir pour ne rien faire. Jusqu’à la catastrophe prochaine » ! Des textes lus par des représentants d’associations, le récit biographique par Françoise Dumora, la petite-fille du poète, des improvisations musicales, le tout porté en scène par Philippe Vialèles.

Autre évènement culturel de ces Journées : la visite du Lycée Grand-Air organisé par HTBA. La construction était présentée par Bertrand Charneau, du service de l’inventaire de la région Nouvelle-Aquitaine. Une histoire du lycée, présentée par Olivier, un professeur d’Histoire. Mais surtout la rare occasion de découvrir une dizaine d’œuvres de Claude Bouscau, sculpteur arcachonnais, grand prix de Rome en 1935, qui ornent les murs de la cour du lycée et du collège : des intailles gravant dans la pierre des activités sportives. L’occasion aussi, pour Jean-Claude Adraste, président de l’association Place Claude Bouscau, de présenter les nombreuses œuvres arcachonnaises du sculpteur.

Si les édifices religieux étaient ouverts à la visite en dehors des offices, on a pu s’intéresser de plus près à la synagogue, avec la conférence, au MA.AT, dimanche matin, de Jean-Marie Poitrot, membre de la Société historique , sur Daniel Iffla Osiris (1825-1907), le financeur de l’édifice.

Le MA.AT, dernier élément du patrimoine arcachonnais était le centre stratégique des Journées du patrimoine.


Le MA.AT, dernier élément du patrimoine arcachonnais était le centre stratégique des Journées du patrimoine.

CV.

Un autre événement patrimonial fut le parcours entre la jetée de la Chapelle et la Chapelle des marins, commenté par Aimé Nouailhas (HTBA) qui a permis de connaître leurs histoires, du simple oratoire de Thomas Illyricues (1519), la chapelle de 1624 qui fut enfouie par les sables, jusqu’à la Chapelle des marins dont la reconstruction remonte à 1722.

Pour les amateurs d’art sacré, une très belle exposition se tenant dans la sacristie de la basilique, ouverte le dimanche après-midi jusqu’à fin novembre.

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Journées du patrimoine : autour de l’église, Wavrin comme vous ne l’avez jamais vue

Journees-du-patrimoine-autour-de-leglise-Wavrin-comme-vous

Deux visites guidées avaient lieu ce samedi dans le cadre des journées du patrimoine, sur un circuit qu’on peut retrouver toute l’année grâce à six bornes diffusées sur le parcours.



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Pourquoi le circuit de Lattre ? en fait, « lattre » désigne en ancien français à la fois le parvis de l’église et le cimetière. Car jusqu’en 1875-76, les abords de l’église de Wavrin étaient occupés par le cimetière. Ce n’est qu’ensuite que ce dernier a été transféré sur le terrain actuel. Samedi après-midi, une vingtaine de personnes étaient donc sur ce qui est devenu la place Pasteur, à écouter l’historien local Didier Delaval.

Didier Delaval est membre du Cercle historique, qui fait partie de l'association le Temps des loisirs.
Didier Delaval est membre du Cercle historique, qui fait partie de l’association le Temps des loisirs.

Ce dernier avait ramené un porte-documents de près de 600 photos et cartes postales montrant Wavrin à différentes époques. L’église reconstruite entre 1811 et 1813 ? Sa façade avait une belle allure, avec son style antique. Dynamitée par les Allemands à leur départ en 1918, elle n’a pas disparu de la place puisque les colonnes, en plusieurs morceaux, sont alignées près du porche.

Cette rangée de colonnes est un reste de l'ancienne église de Wavrin, dont la façade était inspirée des temples grecs.
Cette rangée de colonnes est un reste de l’ancienne église de Wavrin, dont la façade était inspirée des temples grecs.

Après un détour près de l’école Immaculée-Conception, le petit groupe se retrouve dans la cour du cabinet médical du 104, rue Pinteaux. Une partie des bâtiments abritait l’école Jeanne-d’Arc : « Je me souviens du dortoir des élèves de maternelle, avec ses lits bleus », sourit un des participants. Nouvelle image en noir et blanc de Didier Delaval : l’église provisoire de Wavrin se trouve là. C’est une Américaine, Mme Bennett, qui l’a fait construire : « L’avion de son fils a été abattu entre Marquillies et Hantay. Quand elle est venue, en 1919, Wavrin ressemblait à ce qu’est l’Ukraine aujourd’hui. Elle a voulu faire un geste pour les habitants, qui avait soigné son fils. »

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont voulu détruire la statue.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont voulu détruire la statue.

Retour à la place de l’église, pour le monument aux morts, qui date de 1923. Quand, en 1940, les Allemands arrivent dans la ville, ils tombent sur ce soldat qui écrase l’aigle impérial d’un pied méprisant. Ils brisent la statue en deux. Mais des Wavrinois cachent ces morceaux dans l’école et, après la guerre, remplaçant la statue sur son socle. Sauf que la tête, en bronze, est volée à la fin des années quatre-vingts, pour en récupérer le métal. La tête qui surplombe aujourd’hui la place est celle… d’un Wavrinois, Roland Bouquillon, qui avait proposé un moulage de ses traits.

Le circuit propose aussi des traces dans le Wavrin médiéval, dont il subsiste encore de petites rues étroites. La résidence de la Tannerie, près de l’église, renvoie à une entreprise qui a employé jusqu’à 150 personnes… et fait régner une odeur pestilentielle dans le quartier. Mais on vivait bien à Wavrin : les nombreuses maisons décorées de demi-lunes étaient des cafés, aux noms divers et variés. Il ne reste rien de celui de la rue Faidherbe intitulé À la réunion des marchands de vache.





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