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La construction d’un complexe religieux, en plein cœur d’un parc régional, continue de faire polémique en Ardèche

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En novembre 2022, le préfet de l’Ardèche a autorisé la reprise des travaux d’un complexe religieux à l’intérieur du parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Le collectif Les Amis de la Bourges a déposé un recours en justice fin janvier 2023.

Les loutres qui nagent dans la rivière de la Bourges, qui coule sur 20 kilomètres dans les Monts d’Ardèche, vont encore devoir attendre avant de dormir sur leurs deux oreilles. En novembre 2022, la préfecture de l’Ardèche a promulgué un arrêté qui autorise la reprise de la construction d’un complexe religieux sur la commune de Saint-Pierre-de-Colombier. Le collectif Les Amis de la Bourges, opposé au projet, a annoncé à la fin du mois de janvier 2023 qu’il déposait un recours contre cet arrêté. Une nouvelle étape dans le bras de fer judiciaire autour de cette affaire.

L’édification de plusieurs bâtiments, dont une église de 3 500 places, sur un terrain de 1,5 hectare à l’intérieur des limites du parc naturel régional des Monts d’Ardèche fait polémique depuis plusieurs années dans la région. Le projet est porté par la congrégation catholique de la Famille missionnaire de Notre-Dame. Les premiers coups de pelle avaient été donnés en 2019.

Mais en juin 2020, la préfecture de l’Ardèche avait concédé une expertise environnementale aux opposants du projet à la suite de la création d’une Zone à défendre (ZAD) sur le site du chantier. Les détracteurs du projet défendent le fait que plusieurs espèces protégées vivent sur le site et qu’aucune étude environnementale n’a été faite avant l’obtention du permis de construire.

Une étude environnementale a donc été diligentée par la congrégation religieuse suite à l’installation d’une ZAD et les conclusions remises en mai 2022 ont permis la reprise des travaux. Ce que ne digère pas Sylvain Herenguel, membre du collectif Les Amis de la Bourges.

« L’arrêté préfectoral du 29 novembre 2022 autorise les travaux à reprendre en s’appuyant sur une étude environnementale produite par les religieux. Nous, on conteste les conclusions de cette étude. La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) dit qu’il y a un problème, mais autorise la reprise des travaux »nous confie Sylvain Herenguel.

« La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement dit qu’il y a un problème, mais autorise la reprise des travaux »

Sylvain Herenguel

Membre du collectif Les Amis de la Bourges

Surtout, le collectif pointe toujours le fait que la congrégation religieuse avait omis de souffrir le fait que l’édifice se situait dans les limites du parc naturel régional lors du dépôt de la demande de permis de construire. La préfecture avait reconnu une erreur administrative sur ce point. « Il se peut qu’il y ait eu un dysfonctionnement dans la procédure. Mais il aurait dû déposer des recours dans les temps », avait nommé l’ancienne préfète Françoise Souliman au site d’informations Reporterre en 2020.

Pour le collectif Les Amis de la Bourges, cette omission n’était pas une erreur administrative, mais un acte volontaire. « Ils ont coché une affaire qui dit que le projet n’est pas dans un parc naturel régional »; accuser Sylvain Herenguel.

Le recours du collectif contre l’arrêté de reprise des travaux n’est en tout pas suspensif, comme nous l’a confirmé le cabinet du préfet de l’Ardèche Thierry Duvimeux, qui ne veut pas s’exprimer sur le fond de l’ affaire à l’heure actuelle.

Sur le terrain, les travaux n’ont en réalité pas repris à partir de l’autorisation promulguée le 29 novembre 2022. Mais Sylvain Herenguel dit avoir vu une mini-pelleteuse à l’œuvre dans un coin du chantier depuis quelques jours. Pour le moment, une passerelle piétonne au-dessus de la rivière et un parking de retournement pour des bus ont été construits sur ce site naturel. L’église et les bâtiments d’accueil n’ont pas encore été édifiés.