Depuis début février à La Baconnière, en Mayenne, l’église du village est au cœur d’un bras de fer. Lundi 30 janvier, le conseil municipal a voté à l’unanimité la destruction de l’édifice religieux. L’église Saint-Corneille et Saint-Cyprien est fermée depuis 2014 et en 2019, elle a été très endommagée par la tempête Miguel. Une partie de la toiture s’est même effondrée, la mairie a donc décidé de raser l’édifice, devenu trop dangereux. Ce qui ne plaît pas à tout le monde.
Une manifestation à eu lieu au pied de l’église. Une soixantaine de personnes étaient réunies mais tout le monde n’est pas venu pour les mêmes raisons. À l’origine de cette mobilisation, Sylvie Chometon, présidente de l’association pour la sauvegarde du patrimoine. : « Je pense qu’on doit trouver une alternative, comment essayer de garder le maximum de traces, de mémoires de cette église, aussi bien dans le bâti que la sauvegarde des objets. » À ses côtés, quelques habitants de La Baconnière, natifs de cette commune située entre Laval et Ernée, attachés à leur église.
Mais rapidement, ils sont rejoints par le jeune et nouveau collectif « Mayenne défend son patrimoine » ainsi que des membres de l’ultra-droite et des sympathisants d’Éric Zemmour. Parmi eux, Sami Fouchard, le porte parole du collectif : « Il faut se poser les bonnes questions : combien on est prêt à mettre pour défendre notre patrimoine ? Est-ce qu’on est prêt à tout raser pour des raisons budgétaires ? Il faut trouver les fonds et il faut aller chercher ce qui nous permettra de sauver nos églises et notre patrimoine. » Le coût d’une rénovation totale du bâtiment se révèle entre six et huit millions d’euros.
Sur le trottoir d’en face, une « contre-manif » s’est constitué, composé de soutiens à l’équipe municipale et de quelques partisans antifascistes. Pour Évelyne, habitante de La Baconnière, il est trop tard pour sauver l’édifice : « Sa restauration ne justifie pas qu’on investisse une telle somme d’argent dans une commune qui est en plein essor, où il y a beaucoup d’autres choses à faire que de mettre tout l’argent dans un bâtiment autant délabré. »
Le conseil municipal a pris sa décision, mais le maire assure être toujours ouvert au dialogue. Une pétition a été reçue
pour s’opposer à cette destruction. Elle recueille plus de 1.050 signatures en moins d’une semaine.
En novembre 2022, le préfet de l’Ardèche a autorisé la reprise des travaux d’un complexe religieux à l’intérieur du parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Le collectif Les Amis de la Bourges a déposé un recours en justice fin janvier 2023.
Les loutres qui nagent dans la rivière de la Bourges, qui coule sur 20 kilomètres dans les Monts d’Ardèche, vont encore devoir attendre avant de dormir sur leurs deux oreilles. En novembre 2022, la préfecture de l’Ardèche a promulgué un arrêté qui autorise la reprise de la construction d’un complexe religieux sur la commune de Saint-Pierre-de-Colombier. Le collectif Les Amis de la Bourges, opposé au projet, a annoncé à la fin du mois de janvier 2023 qu’il déposait un recours contre cet arrêté. Une nouvelle étape dans le bras de fer judiciaire autour de cette affaire.
L’édification de plusieurs bâtiments, dont une église de 3 500 places, sur un terrain de 1,5 hectare à l’intérieur des limites du parc naturel régional des Monts d’Ardèche fait polémique depuis plusieurs années dans la région. Le projet est porté par la congrégation catholique de la Famille missionnaire de Notre-Dame. Les premiers coups de pelle avaient été donnés en 2019.
Mais en juin 2020, la préfecture de l’Ardèche avait concédé une expertise environnementale aux opposants du projet à la suite de la création d’une Zone à défendre (ZAD) sur le site du chantier. Les détracteurs du projet défendent le fait que plusieurs espèces protégées vivent sur le site et qu’aucune étude environnementale n’a été faite avant l’obtention du permis de construire.
Une étude environnementale a donc été diligentée par la congrégation religieuse suite à l’installation d’une ZAD et les conclusions remises en mai 2022 ont permis la reprise des travaux. Ce que ne digère pas Sylvain Herenguel, membre du collectif Les Amis de la Bourges.
« L’arrêté préfectoral du 29 novembre 2022 autorise les travaux à reprendre en s’appuyant sur une étude environnementale produite par les religieux. Nous, on conteste les conclusions de cette étude. La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) dit qu’il y a un problème, mais autorise la reprise des travaux »nous confie Sylvain Herenguel.
« La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement dit qu’il y a un problème, mais autorise la reprise des travaux »
Sylvain Herenguel
Membre du collectif Les Amis de la Bourges
Surtout, le collectif pointe toujours le fait que la congrégation religieuse avait omis de souffrir le fait que l’édifice se situait dans les limites du parc naturel régional lors du dépôt de la demande de permis de construire. La préfecture avait reconnu une erreur administrative sur ce point. « Il se peut qu’il y ait eu un dysfonctionnement dans la procédure. Mais il aurait dû déposer des recours dans les temps », avait nommé l’ancienne préfète Françoise Souliman au site d’informations Reporterre en 2020.
Pour le collectif Les Amis de la Bourges, cette omission n’était pas une erreur administrative, mais un acte volontaire. « Ils ont coché une affaire qui dit que le projet n’est pas dans un parc naturel régional »; accuser Sylvain Herenguel.
Le recours du collectif contre l’arrêté de reprise des travaux n’est en tout pas suspensif, comme nous l’a confirmé le cabinet du préfet de l’Ardèche Thierry Duvimeux, qui ne veut pas s’exprimer sur le fond de l’ affaire à l’heure actuelle.
Sur le terrain, les travaux n’ont en réalité pas repris à partir de l’autorisation promulguée le 29 novembre 2022. Mais Sylvain Herenguel dit avoir vu une mini-pelleteuse à l’œuvre dans un coin du chantier depuis quelques jours. Pour le moment, une passerelle piétonne au-dessus de la rivière et un parking de retournement pour des bus ont été construits sur ce site naturel. L’église et les bâtiments d’accueil n’ont pas encore été édifiés.
La chorale Kantikoù hon Chapelioù a donné un concert exceptionnel, dimanche 29 janvier à Gourin, dans une église comble où on a senti vibrer l’âme bretonne.
Après avoir collecté les cantiques chantés à l’occasion des pardons des chapelles de Gourin et des communes environnantes (Roudouallec, Le Saint, Plouray, Langonnet, La Trinité Langonnet), ce groupe de chanteurs et chanteuses s’est constitué, il ya un an , avec des musiciens et une équipe technique pour valoriser ce répertoire.
Un disque et un livret de cantiques
La chorale s’est produite à l’occasion des pardons de certaines chapelles. Puis un disque est sorti ainsi qu’un livret contenant les précieux cantiques. Un premier tirage à permis d’éditer 350 exemplaires. Un second tirage est en cours.
Dimanche après-midi, le concert à l’église a valorisé un travail qui a duré plus d’une année, et a permis de sauvegarder ce patrimoine culturel pour les générations futures. Soutenus par l’orgue, la harpe et la bombarde, les chœurs ont interprété ces chants dont la majorité de l’assistance ne soupçonnait ni la richesse ni la variété.
En 3 ans de mandature, c’est la première fois que Philippe Lemaitre a pu conserver une bonne année aux Sourdins, après la crise Covid. – Julien Helaine Vendredi 20 janvier, Philippe Lemaitre a pris la …
Vendredi 20 janvier, les membres de l’Association de sauvegarde du patrimoine religieux de Primelin (ASPRP), accompagnés de leurs conjoints, se sont réunis à l’Abri Côtier. L’ASPRP offre un repas de remerciement aux bénévoles assurant l’accueil des visiteurs à Saint-Tugen. « Durant la saison estivale, nous nous croisons sans nous voir, cette soirée en sera l’occasion », a souligné le président Jean-Luc Ladan.
7 107 visiteurs en 2022
La dynamique association soufflera ses 40 bougies cette année. Quarante et soutien au patrimoine religieux, notamment la chapelle de Saint-Tugen. Les bénévoles s’y succèdent de juin à septembre, les nouveaux arrivés se joignant au noyau historique. Chacun trouve son lieu : accueil, visites guidées, fleurissement des chapelles. 7 107 visiteurs ont franchi le seuil de la « cathédrale du Cap-Sizun » en 2022. À cela s’ajoutent les visites organisées.
Dans le cadre de la procédure Unesco, la reconnaissance de Saint-Tugen en enclos paroissial a été considérée comme digne d’intérêt par le conseil départemental. Une fierté pour l’association qui a présenté ce dossier. L’autre cheval de bataille de l’ASPRP est le prix en compte et l’amélioration de la visibilité du patrimoine du Cap-Sizun par le Grand site de France et par l’Office du tourisme. Des réunions avec ces organismes sont prévues prochainement.
L’État et le Département de Seine-Maritime n’ont pas accordé les subventions sollicitées par la commune pour la rénovation de l’église Saint-Aubin. Une aide dont le montant représente 464.000 euros.
l’essentiel
12 églises et 7 chapelles : c’est la richesse du patrimoine culturel de la ville de Villeneuve-sur-Lot. Certaines sont mieux connues que d’autres. Un peu à l’écart du côté de la Combe de Rolland, voici l’église de Collongues.
La première église Sainte-Catherine datait du XIIIe siècle. Trop vétuste, elle fut détruite et endommagée au même endroit par l’église de style néoroman byzantin que l’on connaît actuellement. De l’édifice religieux primitif l’église Sainte-Catherine possède encore une série de vitraux datée des XIV et XVe siècles. La richesse du patrimoine religieux de Villeneuve se fait aussi par le nombre ; pas moins de 12 églises et 7 chapelles constituant cet héritage plus ou moins bien conservé. L’église Sainte-Catherine le vaisseau amiral du culte catholique sur les bords du Lot doit, par exemple, faire l’objet d’une vaste campagne de rénovation et de restauration qui conduira d’ailleurs à la fermeture temporaire de l’édifice d ‘ici quelques mois et au moins pour une année. Deux autres sites sont des exemplaires de l’architecture cultuelle. La chapelle de l’hôpital Saint-Cyr classée au titre des monuments historiques depuis 2005 et qui malgré la fermeture du centre hospitalier a conservé son mobilier. L’apothicairerie a gardé son agencement intérieur. Les objets de l’apothicairerie, dont les pots à pharmacie, ont été déposés au musée de Gajac. Et l’abbaye Saint-Gervais et Saint-Protais dont il reste quelques éléments architecturaux à l’intérieur même du centre de détention d’Eysses. Et puis parmi les petites églises rurales se trouvent la plus ancienne, elle est datée du XIIe siècle. L’église de Collongues se trouve du côté de la Combe de Roland au sud de Villeneuve à quelques encablures de la RN 21. L’église Collongues est une église catholique d’architecture romane dédiée à saint Pierre aux liens et dépend de la paroisse Saint -Joseph-de-Villeneuve du diocèse d’Agen.
En cours de restauration
L’église Saint-Pierre-ès-Liens de Collongues est située au fond d’un vallon et les premières mentions de son existence datent de 1271. Elle a été reconstruite au XVI siècle, ainsi que le presbytère attenant. L’église Saint-Pierre-ès-Liens était une étape sur un chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. L’église se compose d’une nef unique lambrissée en 1733 sur un chœur plus étroit voûté d’ogives, avec une abside à chevet plat. On remarquera des traces de fresques dans l’encadrement d’une fenêtre ainsi qu’une croix de pierre provenant du petit cimetière attenant. Des armoiries non émises sont portées sur une colonne de l’arc triomphal. La niche du pignon est ornée d’un cadran solaire datant de 1651 qui orne la tête de mur du clocher, récemment restaurée. Le clocher à pignon possède une seule cloche baptisée sainte Cécile et datant de 1605. Le préau abrite un enfeu (niche funéraire). Contiguë au sanctuaire, on peut observer une petite sacristie voûtée aux murs très épais percés de trois fenêtres et d’un « fenestrou ». Un office religieux était encore désigné une fois par an dans la petite église de Collongues il y a quelques années. Quelques motifs végétaux de pierre sont visibles à l’intérieur. L’entrée du côté sud est surmontée d’un auvent de tuiles rondes, comme le reste de la toiture. Méconnue, elle est un des joyaux de notre patrimoine, construite au Moyen-Âge, au bord du chemin de Saint-Jacques, non loin du Château de la Sylvestrie et du village de Rolland.
Églises et chapelles dans la bastide
L’église Sainte-Catherine, rue Sainte-Catherine, est de style néoroman byzantin ; l’église Saint-Étienne, rue Saint-Étienne, fut construite à la naissance de la bastide au XIIIe siècle ; l’église Saint-Sernin d’Eysses, rue Victor Michaud ; l’église Saint-Pierre de Collongues ; l’église Saint-Pie X à Courbiac ; l’église Saint-Hilaire à La Grâce ; l’église Sainte-Anne à Monmarès ; l’église Saint-Gernain-l’Auxerrois à Saint-Germain ; l’église Saint-Sulpice à Saint-Sulpice-Rive-Lot ; l’église Sainte-Radegonde à Sainte-Radegonde. ; L’église Saint-Pierre à Soubirous ; l’église Saint-Martin à Petit-Trémos ; la chapelle du Bout du pont, rue Notre-Dame ; la chapelle Saint-Jean-Baptiste des Pénitents blancs, rue de l’Écluse ; la chapelle de l’ancien hôpital Saint-Cyr, boulevard Saint-Cyr de Coquard ; la chapelle Notre-Dame du monastère de l’Annonciade, rue Crochepierre ; la chapelle Notre-Dame-de-Divine-Miséricorde, rue Paul Claudel au cimetière Sainte-Catherine ; la chapelle Saint-Jean-Marie-Vianney, avenue du Général De Gaulle et la chapelle du centre de détention, rue Victor Michaud.
L’attente était à la hauteur des trésors qu’elle recèle. Après dix ans de travaux, la Cité du vitrail (voir encadré, 1) a ouvert ses portes le 17 décembre dernier dans l’aile ouest de l’Hôtel-Dieu-le-Comte de Troyes.
Si le projet a germé dès les années 1970, porté par des dynasties de maîtres verriers, il aura fallu plusieurs expositions à succès et un long temps de réflexion pour que les collectivités locales franchissent le pas.
Au-delà de son chef-lieu, c’est tout un département qui est à l’honneur : avec ses 350 édifices civils et religieux conservant des verrières, l’Aube possède le plus riche patrimoine vitré de France.
Les couleurs du « beau XVIe »
Sous les combles peu éclairés de l’édifice du XVIIIe siècle, deux salles présentent la conception et l’évolution de l’art du vitrail à travers les siècles. Dans cette exposition permanente comme dans le reste de la Cité sont présentés à hauteur de regard des originaux déposés, en attente de retrouver leur lieu d’origine ou qui étaient conservés dans des réserves de musées, dépôts des Monuments historiques ou de communes, et qui seront régulièrement renouvelées. Des explications pédagogiques donnent des clés de lecture et corrigent les idées reçues.
L’art du vitrail n’est pas né au Moyen Âge : des fouilles archéologiques ont révélé des fragments qui datent de la fin du IVe siècle. « Leur fabrication très aboutie laisse penser qu’il existe de plus anciens encore », précise Anne-Claire Garbe, conservatrice de la Cité. La « Transfiguration du Christ », l’œuvre la plus anciennement conservée ici, trône dans la salle du Trésor.
Provenant d’un ensemble de panneaux troyens datés de 1170-1180 dispersés au XIXe siècle, l’ouvrage « fini sous un lit dans le Doubs avant de réapparaître fortuitement lors d’une vente publique en 2018 », s’enthousiasme sa restauratrice Flavie Serrière Vincent-Petit, conservatrice à la Manufacture Vincent-Petit, la dernière en activité à Troyes.
« En mutation perpétuelle », Selon Anne-Claire Garbe, l’art du vitrail n’a rien de figé. À la seule grisaille composée d’oxydes métalliques s’ajoutent, au gré des découvertes, de nouveaux procédés pour peindre le verre.
Comme le jaune d’argent aux environs de 1300, qui, grâce à ses propriétés chimiques, permet de colorer le verre blanc en un jaune transparent et de donner de l’éclat aux autres teintes. « Le Beau XVIe » tient une place de choix dans le parcours. À la faveur d’une période de paix et de prospérité pour toute la Champagne méridionale, Troyes devient l’épicentre d’un foisonnement artistique qui s’exprime dans les nombreuses églises (re)construites dans le style gothique flamboyant.
Au XVIIe siècle, les vitraux passent de mode, jusqu’à leur quasi-disparition au siècle suivant. Ils connaissaient un retour en grâce à partir du milieu du XIXe, où restaurations et créations bénéficiaient d’un regain d’inspiration et d’inventivité technique. De nombreux ateliers s’implantent alors dans l’Aube. Enfin, la collection s’attache à promouvoir la création contemporaine. L’oculus de la superbe chapelle accueille, depuis septembre 2021, un motif tourbillonnant, don de la plasticienne française Fabienne Verdier.
La rescapée de Paris 1878
Dans la galerie des Vitraux, le saint afro-américain en sweat à capuche et paniers de l’artiste états-unien Kehinde Wiley (2014) détourne les codes et dépoussière le genre.
Baignée de lumière naturelle, cette salle a été pensée comme un espace de contemplation d’œuvres d’exception, en partie changées chaque année.
Preuve enfin que l’art du vitrail n’est pas uniquement religieux – des exemples civils ont été trouvés dès le VIe siècle –, elle expose également « l’Histoire de la céramique », verrière édifiée par Louis Charles Auguste Steinheil pour l’Exposition universelle de 1878 à Paris.
Seule rescapée d’un ensemble de quatorze baies représentant les arts industriels, elle fut mise en caisse avant d’être redécouverte en 1997 et ressortie ici pour la première fois.
Il faut braver le froid pour contempler les œuvres. Les nombreuses églises du centre-ville donnent un aperçu de l’exceptionnelle richesse vitrée auboise. Pour les plus pressés, à quelques pas de la Cité, la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul et ses 1 500 m2 de verrière offrent un panorama quasi complet de l’iconographie et de leur évolution stylistique.
De pâles rayons dorés illuminent soudainement la nef et éclairent ses parois de verre. Sacrés ou profanes, les vitraux célèbresnt l’audace humaine qui, pour sublimer son geste, s’associent au soleil.
Nos recommandations au détour des rues, pour découvrir l’art verrier :
1. La Cité du vitrail, Hôtel-Dieu-le-Comte, 31, quai des Comtes-de-Champagne.
2. La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, place Saint-Pierre. Véritable « conservatoire » du vitrail qui possède une des plus grandes surfaces de verrières historiées de France.
3. La basilique Saint-Urbain, place Vernier. La collégiale illustre le tournant du XIIIe siècle : voûtes sur croisées d’ogives, arcs-boutants et renforts métalliques permettent d’évider les murs pour y placer d’immenses vitraux.
4. L’église Saint-Pantaléon, 15, rue Vauluisant. Les verrières de l’« Histoire de Daniel » et de « Ll Passion » (1531) représentent l’évolution de l’école troyenne de peinture sur verre : conformément à l’esthétique nouvelle de la Renaissance, la polychromie éclatante s’affiche au profit de la grisaille et du jaune d’argent.
5. Juste en face, la salle du musée de Vauluisant (gratuit) expose des vitraux du « Beau XVIe » et des exemples de production civile.
6. L’église Sainte-Madeleine, 3, rue de la Madeleine. Dans son chœur, la « Création des astres » (début XVIe siècle) offre un bel exemple d’étoiles « montées en chef-d’œuvre », exercice délicat qui consiste à insérer des pièces cerclées d’une baguette de plomb dans une plus grande.
7. L’église Saint-Rémy, 9, place Saint-Rémy. Ici se niche la « Proclamation de saint Joseph patron de l’Église universelle par le pape » (1874), chef-d’œuvre du maître verrier Louis Germain Vincent-Larcher, le plus prolifique du deuxième âge d’or.
Sur le palier, une maquette de la Cité des électriciens indique que nous sommes au bon endroit. On entre dans un atelier baigné de lumière où, sur les étagères, les maquettes des réalisations passées et des projets à venir trônent à côté de matériaux bruts et de carreaux colorés annonciateurs du futur. C’est dans ce décor propice à la création que Philippe Prost a installé l’agence qu’il a créée avec son associée Catherine Seyler. En 2019, deux autres associés – Gaël Lesterlin et Lucas Monsaingeon – les ont rejoints pour structurer l’équipe, qui compte aujourd’hui une trentaine de collaborateurs. « L’architecture est un sport collectif, on ne marque pas le but tout seul, ce n’est pas une œuvre solitaire », assure l’architecte, en déterminant la place des différents partenaires, « bureaux d’étude, maître d’ouvrage ou entreprises ».
De fait, le travail de Philippe Prost est tout entier guidé par l’idée du collectif et c’est ce sens du travail en commun et de l’inclusion que le jury du Grand prix national de l’architecture a souhaité récompenser en octobre dernier . Cette distinction, la plus prestigieuse en France dans la discipline, récompense l’ensemble de l’œuvre d’un architecte. « C’est un prix qui n’arrive qu’une fois dans une vie, une reconnaissance du travail mené, une consécration. » Une manière également de couronner deux qualités inhérentes, selon lui, à tout architecte : « l’ambition » d’imaginer des projets qui vont durer dans le temps, et « l’humilité » de ne rien faire seul.
De la musique à l’architecture
Pourtant, ses débuts dans l’architecture sont un peu le fruit du hasard. En 1983, c’est plutôt un tropisme artistique – il entame en parallèle de sa scolarité des études musicales – qui le pousse vers l’orgue, son instrument de prédilection, qui le fascine. « J’étais en terminale S et je n’avais pas envie de faire une école d’ingénieur mais de la musique. » Ses parents étant peu enclins à le voir embrasser une carrière artistique, il intègre une école d’architecture sur les conseils de son professeur de piano. « Il m’avait dit que son frère faisait archi et que ça avait l’air très cool », confie-t-il dans un sourire. Menant de concert ses études et sa pratique instrumentale, c’est un déclic, résultant par une de ses professeurs, qui décide de sa carrière. « Quand l’architecture vous attrape, elle ne vous lâche pas. C’est quelque chose d’assez difficile à définir : vous pouvez faire œuvre de tout avec presque rien. Cette passion ne m’a plus quitté. »
Après ses études, Philippe Prost s’intéresse à la recherche : il se plonge dans des livres d’histoire de l’architecture et les archives et prépare une thèse sur l’ingénierie militaire ainsi qu’une exposition aux Invalides sur les plans-reliefs . Tous ces projets sont le point de départ d’une rencontre qui va changer sa carrière : celle avec Anna et André Larquetoux, propriétaires de la citadelle Vauban à Belle-Île-en-mer. Le couple cherche un architecte capable de s’attaquer à ce projet pharaonique de réhabilitation de l’édifice. « Je reçois une lettre de leur part pour s’attacher à mes services mais je leur réponds que je n’ai pas d’expérience. Ils me répondent : « il faut bien démarrer ». » Ce projet de quinze ans mettra le pied à l’étrier à Philippe Prost qui crée dans la foulée son agence en 1993.
Un travail sur la mémoire des sites
De ses études et de cette expérience, Philippe Prost garde une passion pour Vauban, à qui il a offert un livre en 2007 et dont les préoccupations réjouissent, selon lui, les aspirations à la sobriété énergétique d’aujourd’hui. « C’est un pionnier de l’architecture puisque sa première obsession était de collecter les eaux de pluie et aujourd’hui, tout le monde se rend compte qu’il faut consommer moins de ressources. Il était obsédé par l’économie de moyens et la pérennité de ses ouvrages. » Plus de trois cents et après la mort du génial ingénieur, architecte et urbaniste, Philippe Prost tente de reprendre à sa manière ces grands préceptes plus que jamais d’actualité. L’Anneau de la mémoire, grand mémorial international dédié aux 580 000 victimes de la Première Guerre mondiale tombées dans le Nord et le Pas-de-Calais, est intégré dans des matériaux pérennes lui permettant de durer encore cent ans.
Le nord de la France et en particulier le bassin minier a particulièrement inspiré l’architecte qui a également réhabilité en 2017 la Cité des électriciens, à Bruay-la-Bussière, l’une des plus anciennes de la région. Sur la parcelle, l’agence a imaginé un ensemble de logements, d’écoles mais également des ateliers d’artistes et un centre d’interprétation destiné à raconter le passé industriel de la région. Sur ce projet, l’atelier a travaillé à la fois avec des historiens mais aussi des ingénieurs sur des nouvelles techniques permettant de stocker l’énergie puis de déstocker en cas de besoin. À côté d’un ancien bâtiment réhabilité, un autre avec un volume analogique a été intégré avec des matériaux comme le bois ou des matières recyclées. Une manière d’explorer la notion de mémoire et d’innover sans dénaturer sur des sites souvent oubliés par l’Histoire. « C’est une manière d’écrire une nouvelle page, donner une dimension contemporaine sans rompre avec le passé, faire évaluer sans devenir amnésique. »
« Pas de page blanche »
L’atelier d’architecture de Philippe Prost s’est spécialisé dans la création et l’intervention contemporaine sur le bâti historique, comme récemment avec le réaménagement de la Monnaie de Paris, autre gros projet de son atelier. « Quand on rase, c’est qu’on estime que plus rien n’est possible. Ou, cela est très rare. » Avant chaque projet, l’architecte se pose la question du site et de son histoire. C’est ainsi qu’il transforme l’ancienne cartoucherie nationale en cluster du dessin d’animation à Bourg-les-Valence (Drôme), l’ancienne briqueterie de Gournay (Val-de-Marne) en centre de développement chorégraphique national ou bien encore s’apprête à transformer la Grande Écurie du château de Versailles en campus d’excellence dédié aux métiers d’art et du patrimoine. « Il n’y a pas de page blanche ! Le sol comporte toujours une trace, un vieux bout de bâtiment. L’architecture naît de la confrontation avec ces contraintes. » Pour l’Anneau de la mémoire, c’est le propre relief du terrain qui a inspiré l’architecte de mettre une partie de l’ouvrage ovale de 345 mètres de périmètre en porte-à-faux au-dessus du vide pour exprimer la fragilité de la paix.
Philippe Prost, qui n’aime rien tant que croiser les disciplines et dialoguer avec les maîtres anciens – il cite Umberto Eco et Baudelaire dans ses conférences et s’inspire de Mozart pour le Mémorial de la Première Guerre mondiale – se distingue également par son engagement dans la transmission de son savoir aux futurs architectes. « L’enseignement, c’est transmettre des choses auxquelles je crois tout en récompensé beaucoup en échange. Certaines questions de mes étudiants me remettent en question. C’est enrichissant des deux côtés. » Il mène en parallèle un travail à la frontière de la science et de l’architecture avec un laboratoire situé dans l’école nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville qui travaille sur les matériaux et de nouvelles méthodes de construction. « C’est une manière d’aller plus loin, d’accumuler du savoir et de le faire connaître. » Et – surtout – de préparer le futur avec les architectes de demain.
Disparition de Renée Gailhoustet, prix d’honneur du Grand Prix national d’architecture 2022
En octobre dernier, elle avait obtenu, en même temps que Philippe Prost, le prix d’honneur du Grand Prix National d’Architecture pour l’ensemble de sa carrière. Renée Gailhoustet, 93 ans, est décédée début janvier à Ivry-sur-Seine, où elle résidait. Cette ville fut l’un des terrains de jeu de cet architecte, l’une des premières femmes à exercer ce métier en son nom propre. Elle fut en effet l’architecte en chef de la rénovation du centre-ville où elle imagine un espace de vie plus ouvert, plus libre, plus créatif et sa première construction fut celle de la Tour Raspail, inscrite en 2022 au titre des Monuments historiques . Elle avait également travaillé sur les espaces extérieurs et les logements du quartier de la Maladrerie, à Aubervilliers.
Face à la construction standardisée et productiviste de l’époque des Trente Glorieuses dans l’habitat social, Renée Gailhoustet a mené une réflexion sur l’individualisation de ces logements avec des immeubles marqués par la figure du triangle qui privilégie les échanges entre les habitants, le rapport à l’espace extérieur et la fluidité des circulations.
Jusqu’à la fin de sa carrière, son travail et ses recherches ont été reconnus et conditionnés par le monde de l’architecture, en France comme à l’étranger, et plusieurs ensembles qu’elle a intégrés bénéficient du label Architecture Contemporaine Remarquable.
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.OK