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Scènes nationales, l’avenir d’une utopie culturelle

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D’Albi à Villeneuve d’Asq, en passant par Belfort, Chambéry, Châteauroux, Dieppe, Douai, Niort, Le Creusot, Martigues, Narbonne, Toulon ou Reims, sans oublier Fort-de-France et Basse-Terre, elles constituent un réseau de création et de diffusion pluridisciplinaire au maillage exceptionnel dont la force réside dans la multiplicité de leur implantation et dans la vitalité artistique et culturelle qui irrigue largement le territoire métropolitain et les outre-mer, avec l’appui indispensable des collectivités territoriales.

« Emblématiques de l’ADN culturel de la France », selon Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, les soixante-dix-sept Scènes nationales, qui n’en finissent pas de croître dans tout le pays un formidable élan culturel, célèbrent depuis le 16 décembre 2021, l’année anniversaire du label créé par le ministère de la Culture en 1991.

Une occasion unique de revenir sur ces structures, dont l’une des principales missions est de produire et de diffuser des créations originales dans le domaine du spectacle vivant, bien sûr, mais aussi, pour celles qui sont équipées d’équipements adéquats, dans les domaines du cinéma et des arts visuels. L’exemplarité des Scènes nationales réside aussi dans leur travail d’accompagnement et de soutien des artistes avec lesquelles elles imaginent et construisent de nouvelles relations avec les habitants pour les amener à être « spec’acteurs » sur l’ensemble des territoires, qu’ ils sont ruraux ou urbains.

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« Une utopie devenue réalité »

« Une utopie devenue réalité ». C’est ainsi que le ministre de la Culture est revenu, dans le dossier de presse publié par l’Association des scènes nationales à l’occasion de cet anniversaire, sur l’héritage dont sont porteuses les Scènes nationales. Un héritage tout droit venu de la décentralisation théâtrale, des Maisons de la culture – nombre d’entre elles se retrouvent aujourd’hui sous le label « Scènes nationales » – et de la création du ministère de la Culture. « Cette utopiechez-elle assuré, c’est celle du partage de la culture avec tous, dans des lieux où « les gens se rencontrent pour rencontrer ce qu’il ya de meilleur en eux » comme le disait André Malraux ».

Une « utopie » revendiquée par Hortense Archambault, directrice de la directrice de la MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny. « Notre rôle est essentiel pour tisser inlassablement des liens et pour tendre à ce que moins de récits ne manquent pas à notre patrimoine, notamment des personnes invisibles », explique-t-elle, en rappelant que les Scènes nationales, cette « spécificité française », « aspirent à être des lieux de fabrication du commun dans une société morcelée, à être des lieux refuges pour permettre aux artistes de créer, des lieux de pensée, d’émotions et de découvertes pour tous, s’éloignant des logiques de consommation culturelle de plus en plus prégnantes sur les écrans du quotidien ».

La conviction de l’utilité de nos missions, celles d’un service public de la culture, partout et par tous, se trouve renforcée

Perspectives d’avenir

Et aujourd’hui, que reste-t-il de cet héritage, après la crise sanitaire, et face à la révolution numérique, à l’urgence écologique, à la crise géopolitique et énergétique et aux attentes fortes de nos concitoyens en matière de parité et de diversité ? « Trente ans plus tard, cet idéal reste intact », a assuré Rima Abdul Malak. Face aux nombreux « défis » auxquelles sont confrontées les Scènes nationales, la ministre de la Culture est persuadée que celles-ci sauront « se réinventer » et « redéfinir leur rôle dans un monde en pleine mutation ». « Ces enjeux vous amènent à tester de nouvelles pratiques, de nouvelles manières de travailler, à forger de nouvelles alliances », at-elle constaté.

« Le réseau a montré dans la crise que nous venons de traverser, sa solidarité, sa capacité à trouver de nouvelles modalités d’actionagrée Hortense Archambault. Mise à l’épreuve, la conviction dans l’utilité de nos missions, celles d’un service public de l’art et de la culture, partout et par tous, se trouve renforcée ». Pour autant, at-elle poursuivi, « la multiplicité des Scènes nationales est une force du réseau, qui est un véritable creuset de ressources et d’expertises variées ». Pour la ministre de la Culture, une chose est sûre : « le réseau des Scènes nationales dispose de tous les atouts pour contribuer à la construction de futurs désirables et répondre aux enjeux contemporains dans un monde en pleine mutation. En cela, elles sont un maillon indispensable des politiques culturelles publiques ».

Scènes nationales, histoire d’une utopie culturelle

A l’occasion du 30e anniversaire des Scènes nationales, désignées du 1er décembre 2021 au 30 novembre 2022 dans les 77 Scènes nationales mises en place en et en outre-mer, l’Association des Scènes nationales a commandé à Antoine de Baecque, historien et critique de cinéma et de théâtre, un texte sur l’histoire de ce réseau emblématique de la décentralisation culturelle et créé définitivement dans un courrier de Bernard Faivre d’Arcier, à l’époque directeur du théâtre et des spectacles au ministère de la Culture, le 16 décembre 1991. Résultat : un récit passionnant publié en ligne, dans lequel l’historien retrace le geste de ces lieux de création.