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VIDÉO. Secrets d’ici. Dans l’Aude, les vertiges du château de Quéribus, dernier bastion des Cathares à 700 m d’altitude

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l’essentiel
Pour notre série vidéo « Secrets d’ici », survole le château de Quéribus, dernier bastion des religieux cathares au XIIIe siècle. Perché sur un promontoire rocheux, à la frontière de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, c’est l’un des meilleurs exemples d’architecture défensive du Pays cathare.

« Quand on s’approche de Quéribus, on a l’impression d’avoir un château dans le ciel. » Elisabeth Limorte est guide-conférencière de ce lieu emblématique du Pays cathare, perché sur un piton rocheux aux confins de l’Aude et des Pyrénées Orientales. En cet après-midi d’hiver ensoleillé, elle contemple le paysage de garrigues et de vignes, à 728 m d’altitude. La vue est spectaculaire, à pic, sur la plaine du Roussillon, les Corbières et les Pyrénées.

La première trace écrite de Quéribus date du XIe siècle (1020). Composé de trois enceintes successives dominées par un donjon, la citadelle était imprenable. « Son rôle a toujours été la surveillance », poursuit la guide. Depuis sa construction, il a appartenu au « Sud », successivement au comté catalan de Besalú, au comté de Barcelone, puis au Roi d’Aragon. Ses vieilles pierres voilaient sur le Grau de Maury, un col stratégique.

Les trois archères (au bas de la photo) sont l'une des rares parties du château original de Quéribus et datent de près de 1000 ans.

Les trois archères (au bas de la photo) sont l’une des rares parties du château original de Quéribus et datent de près de 1000 ans.
Photo DDM, CG

10 ans de résistance des Cathares

Jusqu’au début de la Croisade contre les Cathares en 1209… qui modifie l’équilibre stratégique. Pour rappel, « les Cathares étaient des religieux, des sortes de moines, qui menaient une vie ascétique (chasteté, végétarianisme, non-violence), au milieu de leurs fidèles », rappelle Elisabeth Limorte. Mais jugés hérétiques et persécutés par l’Inquisition et la Croisade, « Ils ont été obligés de se mettre à l’abri dans les châteaux de la région. »

Après la chute du château de Montségur, les derniers Cathares ont trouvé refuge ici à Quéribus. « Pendentif 10 ans, ce fut le seul point de résistance. » Le château tombera finalement aux mains des Croisés au pintemps1255, mais étonnamment pas à l’issue du siège d’une quinzaine de jours. Le seigneur occitan Chabert de Barbaira, qui a tenu la dernière défense du château, serait tombé dans un piège tendu par son ancien compagnon d’armes Olivier de Termes à Carcassonne.

De Barbaira fait prisonnier est livré à la cour royale. « À Quéribus, ils savaient qu’il n’y avait rien à attendre de personne et que la seule solution était de se rendre », conclu Elisabeth Limorte. Que sont alors devenus les Cathares ? Mystère. « Soit ils n’étaient déjà plus dans le château, soit ils ont été évacués via des cordes sur la falaise. »

Le château de Quéribus vu du ciel.

Le château de Quéribus vu du ciel.
Photo DDM, CG

60 000 touristes par an

Le château sera ensuite intégré au dispositif de défense de la frontière du royaume de France, piloté depuis Carcassonne pour surveiller le Sud. Délaissé au XVIIIe siècle, puis abandonné à la Révolution, le château se délabre. Jusqu’à son classement comme Monument historique en 1907. Un vaste programme de restauration s’échelonnant des années 1950 à 2002 lui a redonné son panache d’antan.

Aujourd’hui, une visite du château vous plonge dans quatre siècles de systèmes défensifs : archères, meurtrières, assommoirs, casemates… Parmi les autres trésors immanquables du lieu, visités par 60 000 curieux chaque année : la salle des Piliers, superbe ensemble gothique et ses quatre voûtes aux croisées d’ogives.

Château de Quéribus, à Cucugnan (Aude), ouvert toute l’année. Février : 10h-17h. Mars à octobre : 9h30-18h30 ; mai à septembre 9h30-19h. Juillet et août : 9h-20h. Tarifs : 7,5€ pour un adulte, 4,5€ pour un enfant, tarif réduit à 6,5€.

Où en est le classement au patrimoine mondial de l’Unesco ?

La cité de Carcassonne est déjà classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997. Mais un autre projet plus large, comprenant la « cité de Carcassonne et ses châteaux sentinelles de montagne » (Aguilar, Lastours, Montségur, Puilaurens, Peyrepertuse, Quéribus et Termes) est en cours.

Ces biens ont été inscrits en 2017 sur la « liste indicative des biens français candidats au patrimoine mondial de l’Unesco ». Une première étape essentielle. Selon les porteurs du projet, ils constituent un « ensemble homogène unique » de sept châteaux commandés par la place forte de Carcassone, formant un « système de défense quasi imprenable ». La balle est maintenant dans le camp de l’Unesco.