C’est un appel au secours. Dans Le Journal du dimanche131 élus de la droite et du centre se sont fait ce week-end les porte-voix des églises rurales. « Monsieur le Président, il est temps d’agir pour préserver notre héritage plurimillénaire et lui assurer un avenir »ont-ils demandé, déplorant le faible soutien financier de l’État.
À chaque fois qu’une église s’efface, c’est un fragment d’âme de la France qui s’évanouit
« Malgré leur dévouement, les maires et les associations sont condamnés à être les spectateurs de cet abandon. Ils ont la volonté, mais que peuvent-ils sans moyens ? »se sont-ils inquiétés.
Coup de pied dans la fourmilière
Une tribune en écho aux récents propos de Roselyne Bachelot. Le 5 janvier dernier, sur le plateau de C à Vousl’ancien ministre de la Culture avait provoqué la polémique. « L’Etat, ou les collectivités publiques, il va falloir qu’ils se recentrent sur un patrimoine notoire » estimait-elle, supposait entendre qu’il faudrait sans doute, à l’avenir, se résoudre à raser des églises.
« Est-ce qu’il fallait prendre l’exemple des églises et notamment des églises de campagne, je n’en suis pas persuadé », juge Franck Ferrand, écrivain féru d’histoire et de patrimoine. Roselyne Bachelot ne s’est certes pas révélé « très habilement » selon lui, mais il salue un « coup de pied dans la fourmilière » bienvenu.
Problèmes confessionnels et financiers
S’il y a lieu « un énorme problème budgétaire », Franck Ferrand ne pointe pas les mêmes failles que les parlementaires. Ces derniers regrettaient « la prolifération des normes et des dépenses obligatoires »lui dénonce d’abord un mal plus profond : un appauvrissement du pays qui nuit aux caisses de l’État, et donc au budget des communes, propriétaires depuis 1905 de la quasi-totalité des églises. « Nous ne travaillons plus, nous ne créons plus, nous n’innovons plus, donc nous n’avons plus la même richesse »se désole-t-il. « Regardez le niveau du budget actuel de la Direction des patrimoines au ministère de la Culture, ça fait froid dans le dos ».
Il faut reconnaître qu’on ne peut pas toujours tout sauver et tout protéger
Au-delà de l’équation financière, l’écrivain souligne les difficultés de l’Église en France. « La question du maillage est un problème très crucial pour l’Eglise catholique depuis bien longtemps », note-t-il. La chute de la pratique qu’il engendre condamné à l’abandon nombre d’églises rurales. « Dans certaines églises que je connais, dans mon Poitou natal, on ne donne la messe qu’une fois par mois »prend-t-il en exemple.
« Il faut reconnaître qu’on ne peut pas toujours tout sauver et tout protéger »lâche à contrecœur l’auteur d’Ils ont sauvé Versailles. « Il faut, c’est vrai, faire des choix. Ca, c’est certain »dit-il, rejoignant sur le fond l’ex-locataire de la rue de Valois.
« L’Eglise ne fait pas toujours son travail »
Toujours au sujet des édifices religieux, le conteur se montre sévère à l’égard de l’Eglise. « Je tiens à dire que l’Eglise ne fait pas toujours son travail »charge-t-il. « Pour avoir assisté à plusieurs reprises à des réunions pour sauver des églises, j’ai eu la mauvaise surprise de constater que l’Église catholique, dans ces réunions, est celle qui s’intéresse au moins au sujet »blâme Franck Ferrand. « C’est important de le dire ».
« Vous avez des architectes des bâtiments de France, des élus, des associations »explique-t-il. « Tous ces gens-là sont motivés, parlent et le seul qui ne parle pas, généralement, c’est le représentant du diocèse, qui n’a pas l’air d’être passionné par le sujet ».