Il est difficile de croire, en pénétrant dans l’église Notre-Dame-de La-Berthenoux, que la commune éponyme où elle se situe compte à peine 400 âmes. Immense. C’est l’impression que donne la bâtisse, où une poignée de fidèles est venue prier, ce jeudi 26 septembre.
Incendiée à deux reprises
« L’église est remarquable par sa taille. Mais quand on observe l’histoire, on comprend mieux pourquoi elle a cette importance, éclaire Gérard Guillaume, guide local. C’était un prieuré de l’abbaye Saint-Martin-de-Massay et à l’époque, presque toutes les autres églises des environs était sous la direction de l’abbaye de Déols. Ainsi, Massay a voulu marquer son empreinte en concevant cette église démesurément grande par rapport au village ».
Bien que la date exacte de sa fondation soit inconnue, le prieuré Notre-Dame-de La-Berthenoux apparaît dans l’histoire en 1175 lorsque Jean II, baron de Lignières, se révolte et entre en guerre contre Eudes II d’Issoudun.
Au cours de ce conflit, le prieuré est incendié et le baron excommunié par l’archevêque de Bourges. Suivront ensuite d’autres vicissitudes, parmi lesquelles un nouvel incendie en 1560 et la confiscation des biens de l’église à la Révolution française.
En 2010, une restauration engagée par la commune permet de découvrir aujourd’hui tout le charme de la bâtisse, caractéristique de l’art roman et classée monument historique en 1924.
À l’extérieur, l’église présente un registre varié. De l’enceinte, est conservée la tour du prieuré dotée d’une cheminée où subsiste une inscription qui permet d’attribuer l’élévation de cette tour à l’abbé de Massay, faite en l’an 1483.
À l’intérieur, poursuit Gérard Guillaume, « l’église a conservée de chaque côté du chœur les passages berrichons ». Un système particulier aménagé à chaque extrémité de l’arc triomphal qui permettait aux fidèles et pèlerins de contourner le sanctuaire en empruntant ces passages de faible dimension appelés comme tel du fait de leur fréquence en Berry.
Un prêtre influent… et exorciste !
L’église Notre-Dame-de La-Berthenoux est intimement liée à l’abbé René Debourges, ancien curé du village de 1952 à 1990, ayant marqué la vie religieuse et culturelle de la commune.
Philippe Patrigeon, maire depuis 2008, confirme : « L’abbé a beaucoup œuvré pour l’entretien de l’église et des calvaires. C’était un orateur, un personnage, qui a notamment apporté son soutien à l’installation de l’eau courante dans la commune, au début des années 1960. »
Influent, charismatique, l’abbé Debourges, décédé en 2000, était également connu pour être l’exorciste en titre du diocèse de Bourges. Dans un reportage INA de 1971 sur l’histoire des croyances rurales dans le Berry, l’on peut notamment l’apercevoir aux côtés de jeunes enfants du catéchisme évoquer l’influence des sorciers. Ces êtres qui « font alliance avec l’esprit du mal »…